Whisky ? – Non, merci.
Dans la nuit longue et froide, du whisky plein le verre
Seule avec le silence et ses couteaux fourbis
J’entends hurler les loups dans tous mes déserts
Peuplés de corbeaux qui croassent mes incompris.
Déambulant entre cuisine et salon, pris par le vertige
De cette nuit sourde et glacée : Whisky sans glaçons,
Les chiens de l’insomnie m’ assiègent en aboyant
Mordillant à pleins dents le restant de mes angoisses
J’entends le vent s’engouffrer dans ma mémoire vestige
Solitude à encre perdue
Un diable du nord t’enfanta d’abord ici,
Ma solitude, au pied de ces montagnes.
Telle une vague et floue Figurine surgie
De mes premières noces,
Fruit d’une pure folie,
Inondée de hargne
Et des coups des crosses
Au cœur mystérieux des replis.
Toi, ma solitude, oui toi…
Compagne fidèle, rebelle,
Fille inversée de mon Sud,
Enfant de mes zombis,
Ange transfuge
Tout droit tombé de ce paradis
Promis, rabat-joie.
…Mille fois la cigarette n’enfumera les idées
Noires, tes jouvencelles… !
Echos
Arrête
Ne bouge plus
Contente-toi de respirer
Pourquoi t’entêtes-tu
Jusqu’au bout
A rendre présent
Le seuil de l’ennui
Au bord des tes falaises
Abruptes, sans garde-fou.
Sais-tu qu’après la nuit
Entier sera le jour ?
Il agrandira ton âme
Sur la terrasse – amour
Gibran Khalil – Les enfants
Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit:
Parlez-nous des Enfants.
Et il dit : Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même,
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter,
pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.
Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance
pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie;
Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable.
Poème – Fernando Pessoa
Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde.
Fenêtres de ma chambre,
de ma chambre dans la fourmilière humaine unité ignorée
(et si l’on savait ce qu’elle est, que saurait-on de plus ?),
vous donnez sur le mystère d’une rue au va-et-vient continuel,
sur une rue inaccessible à toutes les pensées,
réelle, impossiblement réelle, précise, inconnaissablement précise,
avec le mystère des choses enfoui sous les pierres et les êtres,
avec la mort qui parsème les murs de moisissure et de cheveux blancs les humains,
avec le destin qui conduit la guimbarde de tout sur la route de rien.
Fernando Pessoa
Pluriel, singulier.
L’amour est
Singulier
Surtout quand il est
Au pluriel
Aujourd’hui comme hier
Le goût amer accède
Souvent au goût du miel
Relativité.
Ces noeuds des souffles
En spirales
Qui rejoignent,
Plus haut, l’air lié,
De la vie
Sur ce lit fatal
Si souvent
Refait et défait
Aux quatre vents.
Eclairs fulgurants
Et soupirs entremêlés
Au rêveries – torrent
Chaud des cœurs habités
D’une ferveurs éblouie.
Mire
Se laisser
Emporter
Par son zéphyr
Suivre son regard
Doucement
Sans courir
Se placer
Devant sa mire
Pour qu’elle vise et tire
Sans ratée
sans rater.